La boxe thérapeutique comme moyen holistique pour intervenir auprès des jeunes

Inspiration
Écrit par Alexandre Leclerc, Coordonnateur et intervenant des suivis externes l’organisme Le 2159

Il est essentiel d’examiner la criminalité chez les adolescents de 12 à 18 ans sous un angle plus large que celui des seules actions délinquantes. Lors de notre intervention auprès des jeunes affiliés à des groupes criminalisés, nous avons constaté qu’il est crucial de comprendre leur histoire de vie, plutôt que de se limiter à intervenir uniquement sur leur comportement. En apprenant à connaître l’adolescent en tant qu’individu, et non seulement comme délinquant, nous pouvons découvrir ses forces et ses qualités. Cela est fondamental pour travailler sur l’ambivalence des choix qu’il rencontre dans leur vie quotidienne.

L’adolescent qui reçoit le statut de délinquant est constamment rappelé à ses actes répréhensibles et doit assumer les conséquences judiciaires qui en découlent. Que ce soit à travers les mesures prévues par la LSJPA, par l’école, par les forces de l’ordre ou parfois même à la maison, ces mesures rappellent au jeune qu’il est un criminel et un marginalisé. Toutefois, en partant du principe que le jeune est conscient de ses actes criminels, notre approche vise à découvrir ce qu’il y a de bon en lui, afin qu’il puisse le voir et le croire à son tour pour lui-même. Il peut être facile pour l’humain d’agir en fonction de ce qu’il croit qu’il est. Alors, il est crucial que l’adolescent prenne conscience des aspects positifs en lui, afin qu’il puisse les exploiter et agir en accord avec ses qualités.

Pour ce faire, nous avons mis en place un projet d’intervention dans plusieurs écoles secondaires et centres jeunesse de la Rive-Sud, offrant un espace propice pour découvrir les forces et les qualités de chaque adolescent.

Le Projet 180 est une initiative ciblée pour les jeunes de 12 à 25 ans, exposés au risque de comportements criminels ou associés à des groupes criminalisés. Nous intervenons aussi auprès des jeunes qui souhaitent se retirer de cet environnement. Notre approche, basée sur la participation volontaire, place l’individu au centre de l’intervention, favorisant son autonomie et sa capacité à résoudre ses problèmes. En utilisant la boxe thérapeutique, nous créons un cadre d’intervention psychosociale qui nous permet d’atteindre des adolescents souvent réticents à un suivi traditionnel.

Chaque séance commence par un entraînement de boxe, favorisant l’établissement d’un lien avec le jeune dans un cadre positif et légal. Cette activité physique permet de découvrir de nouvelles passions, tout en facilitant une réflexion sur le pouvoir des choix et la prise de décisions. Les techniques apprises sont ensuite intégrées dans la discussion psychosociale, permettant d’établir des parallèles entre l’entraînement et la vie quotidienne du jeune.

Nous visons également à répondre, de manière légale et positive, à certains besoins que les jeunes peuvent rechercher dans le milieu de la criminalité, tels que le besoin de contrôle sur une situation de vie parfois précaire, le besoin d’appartenance et de reconnaissance, ainsi que le besoin d’argent. Nous cherchons donc à révéler et à renforcer le pouvoir d’agir et de choisir des jeunes dans leur propre situation. Nous visons également à créer une équipe autour de l’adolescent qui comprend des personnes positives et significatives, telles que des entraîneurs de boxe, des enseignants ou d’autres figures de soutien, avec qui ils peuvent s’identifier. De plus, nous nous efforçons de leur offrir des expériences où ils pourront être reconnus pour leurs qualités aux yeux de leurs pairs et de les accompagner dans la recherche de sources de revenus.

En conclusion, le Projet 180 illustre l’importance d’une approche holistique dans l’intervention auprès des jeunes à risque. En mettant l’accent sur les aspects positifs et les forces des adolescents, nous visons à transformer leur perception d’eux-mêmes et à encourager des comportements plus constructifs. Pour aller plus loin, il serait intéressant d’explorer comment intégrer ces approches dans des contextes plus variés et de mesurer leur impact à long terme sur la réinsertion sociale des jeunes.