La profession de criminologue est fondamentalement axée sur l’humain et la relation d’aide. Elle se déploie à l’intersection à la fois du monde de la justice, de la psychologie ainsi que de la sociologie criminelle. Le criminologue est d’abord et avant tout un clinicien.

Avec son ouverture d’esprit, son sens poussé de l’analyse et sa forte capacité d’écoute, le ou la criminologue s’assure de comprendre les comportements délictueux et d’effectuer des interventions appropriées auprès des personnes contrevenantes de tous les âges et de tous les milieux ainsi qu’auprès des personnes victimes d’acte criminel et de certains groupes marginalisés. Pour ce faire, le ou la criminologue conçoit et applique des programmes d’intervention auprès de la clientèle-cible en fonction de son milieu professionnel.  Il ou elle peut intervenir autant sur le plan de la prévention que de la réinsertion sociale et la réadaptation.

Concrètement, un ou une criminologue peut par exemple :

  • soutenir, à des fins préventives, l’intégration sociale d’une clientèle vulnérable, mésadaptée ou à risque;
  • évaluer le risque de récidive d’un individu accusé d’un acte criminel et effectuer des recommandations aux tribunaux;
  • favoriser la réintégration des personnes contrevenantes par la mise sur pied de programmes cliniques tels que l’assistance psychologique, la lutte contre les dépendances et la formation professionnelle;
  • faire un suivi des personnes contrevenantes qui bénéficient d’une mesure d’élargissement dans la communauté, entre autres, en maison de transition et en libération conditionnelle;
  • travailler en concertation avec les différents acteurs des domaines criminologique et victimologique, et ce, dans un but de protection de la société;
  • développer des méthodes d’aide aux victimes d’actes criminels et à leurs proches;
  • conseiller les autorités et leur suggérer des mesures à prendre pour prévenir la délinquance et favoriser la réintégration sociale de la clientèle visée;
  • participer à des campagnes de sensibilisation auprès de différents publics susceptibles de commettre des infractions criminelles;
  • investiguer sur l’efficacité des lois et leur capacité à prévenir la commission de délits ainsi que sur le sentiment de sécurité qu’elles instaurent dans la population.

Les personnes qui exercent la profession de criminologue ont une formation universitaire, soit un baccalauréat spécialisé en criminologie orientation clinique. Cette formation qui dure trois ans leur permet de développer leurs connaissances en justice criminelle, en délinquance, en psychologie sociale, en victimologie et en personnalité criminelle. Une formation équivalente (selon les normes d’équivalence) peut aussi permettre l’accès à la profession.

Le ou la criminologue doit obtenir un permis de l’Ordre professionnel des criminologues du Québec pour exercer ses activités et porter le titre de criminologue.


Quelles sont les clientèles auxquelles s’adresse le ou la criminologue ?

Le travail des criminologues prend une couleur différente selon la clientèle visée. Il ou elle peut intervenir auprès :

• des personnes contrevenantes, soit des personnes adultes qui purgent une peine en détention ou dans la communauté après avoir été reconnues coupables d’une infraction à une loi ou un règlement;

• des jeunes qui ont commis une infraction à une loi ou un règlement;

• des enfants et des jeunes dont la sécurité ou le développement est potentiellement compromis, y compris les jeunes qui ont un trouble de comportement important, ainsi que leur famille;

• des personnes victimes d’actes criminels;

• des personnes déclarées inaptes à subir leur procès ou déclarées non responsables criminellement;

• des personnes vulnérables dont l’état peut être caractérisé, notamment, par la toxicomanie ou toute autre dépendance, l’itinérance, les problèmes sexuels ou les problèmes de santé mentale. 


Comment un ou une criminologue aide ces personnes ?

Bien qu’il se particularise en fonction des clientèles, le travail des criminologues suppose la mise en œuvre d’un processus d’évaluation et d’intervention similaire d’un milieu à l’autre. Ce processus comprend, entre autres, les activités suivantes :

• évaluer les besoins et les caractéristiques de la personne, ce qui inclut ses forces de même que ses facteurs de risque et de protection et, dans le cas d’une personne contrevenante ou d’un jeune ayant commis une infraction, ses facteurs criminogènes;

 • évaluer le risque de récidive de la personne, jeune ou adulte, accusée d’un acte criminel en vue de formuler des recommandations au tribunal;

• élaborer un plan d’intervention approprié aux besoins particuliers de chaque personne, dont le but ultime consiste à lui permettre de rétablir ses capacités sociales;

• mettre en œuvre des programmes visant la réintégration sociale de la personne contrevenante, tels que des programmes de gestion de la colère et de prévention de la récidive;

• effectuer des démarches pour obtenir la collaboration des ressources du milieu dans l’intervention et, ainsi, contribuer à combler les besoins de la personne, comme ses besoins en matière de psychothérapie, de traitement des dépendances, de logement et d’emploi;

 • assurer le suivi de l’intervention auprès de la personne, notamment en lui offrant un soutien psychosocial et, dans le cas d’une personne contrevenante bénéficiant d’une mesure de suivi dans la communauté, en s’assurant qu’elle respecte les conditions légales de la mesure en cause;

• informer la personne au sujet des tenants et des aboutissants du processus judiciaire et l’accompagner à travers celui-ci, après l’avoir aidée à se préparer à faire face au mieux à l’expérience qu’elle aura à vivre dans la situation;

• agir à titre de ressources-conseils auprès des autorités concernées et formuler des recommandations en matière de prévention du crime et de protection de la population;

• sensibiliser les intervenantes et les intervenants provenant d’autres disciplines à la réalité de la clientèle en criminologie.


Les particularités de la relation d’aide en criminologie :

Le travail des criminologues suppose l’établissement d’une relation d’aide avec les clients dans un contexte volontaire ou dans un contexte d’autorité. Prenant la forme d’entretiens individuels ou de rencontres de couple, de famille ou de groupe, la relation d’aide est fondée sur la création d’un lien de confiance et d’une alliance collaborative avec les clients et sur le maintien de ce lien et de cette alliance tout au cours du processus d’évaluation et d’intervention. Bien évidemment, la création d’un lien de confiance peut représenter un défi dans certaines situations, notamment dans les situations d’aide contrainte. À ce propos, il faut voir que l’aide contrainte ou l’aide en contexte d’autorité comporte une tension intrinsèque, puisque les criminologues doivent à la fois accompagner les clients dans leur démarche de réintégration sociale et appliquer des mesures qui constituent des limites à leur liberté, responsabiliser les clients par rapport à leurs actions et contrôler ces actions, respecter les droits des clients et protéger la population.


Dans quels milieux trouve-t-on des criminologues ?

Les services professionnels des criminologues touchent divers milieux et organismes. Les milieux de pratique des criminologues sont multiples et variés. Les principaux milieux de pratique peuvent être regroupés en quelques grandes catégories, lesquelles réunissent un grand nombre d’organismes dont la mission des uns diffère de celle des autres. Les milieux de pratique des criminologues peuvent donc être répartis comme suit :

• les milieux officiels de la justice pénale (services correctionnels du Québec, service correctionnel du Canada, services de police, tribunaux, salles d’audience et quartier cellulaire des palais de justice, etc.);

 • les milieux du réseau de la santé et des services sociaux, soit les CISSS et CIUSSS, principalement dans les programmes de service aux jeunes en difficulté (DPJ-jeunes contrevenants), dépendance, santé mentale, itinérance, les centres hospitaliers, en particulier les instituts en santé mentale et les milieux de psychiatrie légale (ex.: INPL Philippe Pinel);

 • les milieux communautaires : les maisons de transition, les centres d’aide aux victimes d’actes criminels [CAVAC], les centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel [CALACS], les maisons d’hébergement pour femmes victimes de violence ou en difficulté et celles pour hommes en difficulté, les foyers pour jeunes, les organismes dédiés au travail de rue et au travail de milieu, les organismes de justice alternative et de défense des droits, les centres de crise et d’écoute téléphonique, les organismes qui interviennent auprès des jeunes, des femmes et des hommes en difficulté, les organismes dédiés à l’hébergement et au suivi des personnes visées par l’application de mesures en psychiatrie légale, les organismes dédiés au suivi des personnes contrevenantes dans la communauté, etc.);

• les autres milieux : les centres d’aide et de traitement en délinquance sexuelle, des ministères et des instances du gouvernement du Québec, dont le ministère de la Justice, le ministère de la Sécurité publique et la Commission québécoise des libérations conditionnelles, des ministères et des instances du gouvernement du Canada, comme le ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile et la Commission des libérations conditionnelles du Canada.


Des criminologues psychothérapeutes

Certains criminologues détiennent en plus de leur titre professionnel, un permis de psychothérapeute délivré par l’Ordre des psychologues du Québec. Pour l’obtention de ce permis, les criminologues concernés doivent avoir suivi une formation spécifique ainsi qu’un stage pratique.