Criminologue en pratique privée
Introduction
Cette section du site s’adresse aux criminologues intéressé·e·s par la pratique privée. Elle peut être pertinente autant pour les professionnels qui songent à s’y lancer que pour ceux qui offrent déjà des services dans le privé.
Cette page du site est divisée en quatre sections, abordant les aspects personnels, techniques, cliniques et déontologiques de la pratique privée en criminologie. À noter que le présent document ne remplace pas un avis personnalisé sur votre situation particulière. Il est recommandé de contacter l’Ordre pour une question plus pointue qui ne trouverait pas de réponse dans les explications qui suivent.
Si vous souhaitez être inscrit·e sur notre tableau détaillé des membres exerçant en pratique privée, veuillez nous contacter à info@ordrecrim.ca. Ce tableau vise à mettre de l’avant les pratiques et les criminologues qui offrent leurs services aux citoyens et citoyennes.
Aspects personnels
Pourquoi une pratique privée?
Avant de vous lancer, il peut être intéressant de réfléchir à ce qui vous vient en tête lorsque vous pensez à la pratique privée. Quelle est l’image que vous vous en faites? Qu’est-ce qui vous attire et que souhaitez-vous trouver dans une pratique autonome en criminologie? Prendre le temps de répondre à certaines questions vous permettra d’établir un plan et des objectifs clairs et réalistes. Vous pourrez ainsi partir d’une base solide pour vous lancer. Voici quelques suggestions de questions à vous poser avant de démarrer :
- Qu’est-ce qui me plaît dans l’idée d’amorcer ma pratique autonome?
- Lesquels de mes besoins professionnels pourraient être satisfaits par une pratique privée?
- Qu’est-ce qui me motive à exercer ma profession dans le privé?
- À quels besoins je souhaite répondre en offrant mes services dans le privé? Et pourquoi est-ce important pour moi?
- Comment décrire mon identité professionnelle?
- Quels sont mes forces et mes défis?
- Quelles problématiques, clientèles et environnements de travail me stimulent et nourrissent ma flamme d’intervenant?
Se lancer à temps plein dans le privé ou en pratique hybride?
Faire le saut dans la pratique privée comporte son lot de stress et d’appréhensions; il s’agit d’un grand changement professionnel. Pour atténuer le stress financier et évaluer si le travail autonome vous convient, par exemple, vous pouvez choisir de commencer de façon hybride, soit en conservant votre emploi salarié actuel et en consacrant quelques heures par semaine ou par mois à la pratique autonome. Vous pouvez ensuite choisir de maintenir la pratique hybride ou de vous lancer à temps plein en pratique privée. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise option, tout dépend de vos besoins et de vos limites personnelles. Gardez toutefois en tête que la pratique privée, que ce soit à temps partiel ou à temps plein, exige de l’investissement mental et du temps pour développer votre structure et votre organisation de travail. Donc, si vous voulez garder votre emploi salarié et ne pas nécessairement augmenter votre nombre d’heures de travail par semaine, penser à diminuer vos heures salariées pourrait être une option pour intégrer un peu de pratique privée dans votre paysage professionnel.
Les avantages et inconvénients
Comme dans toutes occupations professionnelles, la pratique autonome présente des avantages et des inconvénients. La perception de ce qui constitue un avantage ou un inconvénient varie d’un individu à l’autre en fonction de sa personnalité, de ses compétences et de ses défis personnels. On peut tout de même en dégager certains qui sont plus souvent rapportés par des professionnels travaillant de façon autonome, dont voici quelques exemples :
Avantages de la pratique privée :
- revenus illimités (selon les activités);
- plusieurs dépenses de travail déductibles des impôts;
- flexibilité de l’horaire de travail et du nombre d’heures par semaine;
- liberté du lieu de travail (domicile, bureau privé loué, espace de coworking) et des modalités de travail (en personne, en virtuel);
- libre cours à la créativité et aux partenariats;
- occasion d’apprendre sur soi et de développer de nouvelles habiletés.
Inconvénients de la pratique privée :
- instabilité financière sans garantie de revenus;
- organisation budgétaire y compris la prévision des dépenses (impôts, taxes, vacances, frais médicaux non couverts par l’assurance maladie, etc.);
- autodiscipline nécessaire;
- responsabilité de s’informer et de s’organiser par soi-même pour s’assurer de respecter les normes, règles et lois (Loi de l’impôt sur le revenu, droit des consommateurs, Code de déontologie, Loi 25, etc.);
- isolement, perte du sentiment d’appartenance, moins de travail en équipe.
Prendre soin de soi
En pratique privée, tout est à bâtir. Il s’agit d’un changement significatif dans le pilier de la vie qu’est l’emploi. Le changement et l’énergie à fournir pour démarrer une pratique privée et pour y évoluer dans le temps peuvent ébranler la santé mentale. On se retrouve maintenant à s’occuper de la compatibilité, de la communication, de la publicité, de trouver ses clients, de créer des formulaires, etc. Ceci amène nécessairement une augmentation de la charge mentale, qui peut, à son tour, faire augmenter le niveau de stress et d’anxiété. Comme notre travail devient plus solitaire, nous avons moins d’occasions de « ventiler », de parler de notre expérience, d’avoir les reflets de nos pairs ou de faire valider nos décisions par notre patron. L’isolement et le sentiment de solitude qu’il entraîne contribuent au faible soutien et ainsi augmentent le risque de vivre des difficultés sur le plan de la santé mentale. Il est donc important, d’emblée, de prévoir des espaces et des mécanismes pour prendre soin de soi. Ceci peut passer par :
- la supervision clinique ou le coaching professionnel sur une base régulière;
- des blocs de temps définis dans son horaire pour se questionner sur son état et ajuster ses actions en conséquence;
- un nombre d’heures de travail maximal à respecter;
- la participation à un groupe de travailleurs autonomes (mentorat, co-développement, etc.);
- la définition d’objectifs modestes;
- des moments de planification chaque jour, semaine, mois, année, pour s’évaluer, rester centrer sur ses objectifs et s’ajuster en cours de route.
Il sera ici intéressant d’utiliser vos compétences, habiletés, qualités professionnelles au service de votre principal outil de travail : vous. Par exemple, la discipline et la rigueur vous permettront de vous occuper de vous, de respecter vos balises d’horaire et de planifier des objectifs réalistes. Le travail autonome est un marathon et non un sprint. Comme vous êtes la ressource principale de votre entreprise, il est important de prendre soin de vous si vous souhaitez qu’elle vous rapporte, pas seulement en argent, mais en qualité de vie.
Aspects techniques
Plan de match
Prendre le temps de planifier vos actions est avantageux dans le cadre d’une pratique privée, puisque cela vous permet de vous centrer sur ce qui est important pour vous et de rester concentré. On évite ainsi de s’éparpiller, de s’épuiser ou d’être insatisfait. Le plan de match, aussi appelé planification stratégique, est un point de départ, il agit comme repère, comme fil conducteur. Rien n’empêche de le modifier en cours de route, même que cela est recommandé. Vous pouvez donc vous fixer des périodes, à intervalles réguliers, pour revoir votre plan de match (p. ex. : chaque trimestre).
Étude de marché
Bien que le « marché » de la pratique privée en criminologie soit encore restreint, il est possible de se fier à d’autres types de professionnels de la santé mentale et des relations humaines afin de faire une étude de marché, comme évaluer quels sont les « compétiteurs » dans le champ des problématiques que l’on couvre, combien il y a de professionnels qui offrent un service semblable au sien dans la région, etc. N’oubliez pas que ledit marché varie dans le temps et en fonction de plusieurs facteurs environnementaux. À nous de bâtir le marché des criminologues en pratique autonome.
Organisation du travail
Dans la pratique autonome, vous devez vous-même, comme professionnel, créer votre structure de travail. Il n’y aura personne pour vous encadrer, vous dire à quelle heure vous commencez et finissez, quelles sont les tâches à accomplir pour atteindre les attentes, ni même lesquelles elles sont. Il vous faudra prendre en considération chacune des sphères liées au travail autonome (administrative, marketing, finances, communication, stratégie, etc.) et évaluer, en fonction de vos besoins et de vos objectifs propres, combien de temps vous allez consacrer à chacune de ces tâches et à quelle fréquence vous allez le faire. Voulez-vous tout réaliser par vous-mêmes, ou voulez-vous déléguer certaines tâches? Est-ce que vous préférez utiliser des outils papier ou électroniques pour vous organiser? Ce sont certaines des questions que vous devrez vous poser. Pour vous aider à commencer, vous pouvez reproduire certaines façons de faire que vous avez connues dans vos emplois passés et les améliorer au fil du temps en fonction de vos erreurs, de vos découvertes et de votre évolution comme travailleur autonome.
Tenue de dossiers
Afin de vous conformer aux normes professionnelles de votre domaine, vous devez tenir un dossier pour chaque client, que ce soit une personne physique ou une entreprise. Lorsqu’un criminologue œuvre dans le réseau public ou communautaire, une structure de tenue de dossiers est généralement déjà mise en place. Dans la pratique privée, le criminologue doit lui-même construire sa structure de tenue de dossiers. Or, peu importe le milieu de travail, vous êtes en tout temps responsable de vous assurer de la conformité de votre tenue de dossiers. Nous vous référons au règlement de l’Ordre portant sur le sujet. Sachez également qu’une formation spécifique intitulée Tenue de dossiers est offerte par l’Ordre.
Canevas de formulaires
Pour votre pratique privée, il faudra penser à bâtir vos propres gabarits de tenue de dossiers. Les préparer vous permettra de gagner du temps au moment de consigner vos activités par écrit, de structurer votre réflexion et d’éviter d’oublier des éléments importants. Voici une liste non exhaustive des canevas dont vous pourriez avoir besoin :
- formulaire de consentement;
- canevas de rencontre initiale;
- canevas de rencontre de suivi présentielle/virtuelle;
- évaluation clinique/évaluation criminologique;
- plan d’intervention;
- autorisation de divulgation de renseignements personnels;
- modèles de courriel/appel/message texte reçu/envoyé;
- modèle de réception/envoi de documents;
- formulaire d’absence au rendez-vous;
- sommaire de fermeture de dossier.
Lieux de pratique
En tant que travailleur autonome, vous avez le choix de votre lieu de pratique. Vous pouvez louer un espace de bureau à temps plein ou seulement une journée par semaine. Vous pouvez aménager un bureau à votre domicile où la clientèle pourra venir vous rencontrer en personne. Vous pouvez aussi choisir de faire uniquement de la télépratique. Vous pouvez offrir deux types de lieux à vos clients. Il n’y a pas de bon ou de mauvais lieu de pratique, l’important est d’être en mesure de respecter les règles de confidentialité auxquelles vous êtes soumis. Il est suggéré d’évaluer les besoins et les enjeux de la clientèle que vous souhaitez servir, ce qui pourra vous aider à déterminer votre lieu de pratique. Pour vous aider dans votre choix, vous pouvez vous poser les questions suivantes :
- Quel niveau de dangerosité peut représenter ma clientèle?
- Est-ce que je suis en sécurité si mes clients connaissent mon adresse?
- Est-ce que mon lieu de pratique doit être accessible aux personnes à mobilité réduite?
- De quelle taille d’espace ai-je besoin?
- Quel type de matériel doit se retrouver dans mon lieu de pratique? (p. ex. : nombre de chaises, bureau de travail, tableau blanc, outils d’intervention physique.)
- Est-ce que mon lieu de télépratique me permet d’assurer la confidentialité?
Choisir sa plateforme de visioconférence
De nombreuses plateformes existent sur le marché et permettent d’effectuer de la télépratique. Il est recommandé de choisir une plateforme sécurisée sur le plan de la confidentialité. Dans votre formulaire de consentement, vous pouvez informer votre clientèle des risques et recommandations associés à la téléconsultation afin que celle-ci soit en mesure de consentir à la modalité de rencontre de façon éclairée. Voici un exemple de message informatif que vous pouvez ajouter à votre formulaire de consentement :
« Bien que nous prenions toutes les mesures possibles afin d’assurer la confidentialité lors de rencontres virtuelles, vous devez savoir que toutes les plateformes ou technologies des télécommunications présentent des risques pour la sécurité et la transmission des données et des renseignements. Ces menaces à l’intégrité des données et de l’information comprennent, entre autres, les virus informatiques ou les actions des pirates informatiques. Afin de limiter les risques de piratage, assurez-vous que la protection antivirus de votre ordinateur est à jour. Il sera aussi important d’utiliser une connexion Internet sécurisée (protégée par un mot de passe) plutôt qu’un point d’accès Wi-Fi public et gratuit. De plus, sachez qu’il est interdit d’enregistrer les séances virtuelles à moins d’avoir obtenu le consentement préalable des personnes impliquées. De mon côté, il est possible que je procède aux rencontres virtuelles à partir de mon bureau ou à partir d’un bureau aménagé au sein de mon domicile personnel. Sachez que les mêmes règles de confidentialité s’appliquent. De votre côté, vous avez le choix de participer aux rencontres virtuelles à l’endroit qui vous convient, mais je vous recommande fortement un lieu privé, où vous serez seul et à l’aise pour parler librement. En cas de difficultés techniques liées à la plateforme de visioconférence, vous pourrez quitter celle-ci et vous reconnecter. Si la communication ne peut être rétablie, je vous contacterai par téléphone pour terminer la rencontre. »
Horaire de travail
En vous dirigeant vers la pratique privée, vous avez la possibilité de créer votre propre horaire de travail. La flexibilité d’horaire et la liberté que cela amène sont un avantage intéressant de la pratique autonome. Vous pouvez offrir des disponibilités le jour, le soir, la fin de semaine, à raison d’une plage horaire par semaine ou de plusieurs. La quantité de clients que vous choisirez de servir ou de services que vous choisirez d’offrir dépendra de votre disponibilité physique et mentale.
Pour déterminer cette quantité, il sera important pour vous de prendre en considération le temps des tâches connexes. Par exemple, pour une heure de rencontre avec un client, vous devez ajouter environ 30 à 45 minutes de travail pour écrire vos notes, pour planifier le prochain rendez-vous à votre agenda, pour accepter le paiement et envoyer un reçu, etc. Vous devez aussi ajouter du temps chaque semaine ou chaque mois pour votre comptabilité, vos déplacements, l’achat de matériel de bureau, la supervision clinique, vos réseaux sociaux ou votre site Web, etc.
Il vous faudra aussi prendre en considération l’énergie nécessaire à vos activités de travail autonome. Évidemment, le tout dépend des besoins et limites de chaque professionnel. Voici un exemple d’horaire à temps plein (35 h/semaine) pour une pratique autonome :
- quatre jours de rencontres clients;
- quatre rencontres d’une heure chacune par jour;
- quatre x 45 minutes de tâches connexes quotidiennes;
- un jour de 7 h pour les tâches hebdomadaires/mensuelles.
L’horaire pourrait être totalement différent si vos services s’adressent aux entreprises/organismes. Par exemple, consultation en cybersécurité, charge de projet, formations et conférences, etc. Les tâches connexes seront aussi différentes dans ces cas.
Assurance en pratique privée
Si vous décidez de travailler dans la sphère privée en tant que criminologue, que ce soit à quelques reprises au cours de l’année ou à temps plein, vous devez vous munir d’une assurance responsabilité professionnelle. Pour ce faire, vous n’avez qu’à contacter l’Ordre professionnel des criminologues du Québec qui fera l’ajout pour vous de l’assurance couvrant la pratique privée.
Se faire connaître et avoir des clients (publicité, réseautage, marketing, visibilité Web)
Le monde de l’entrepreneuriat et du marketing sont plus rarement associés à celui de la relation d’aide. Il est tout à fait normal de ne pas savoir par où commencer et d’être un peu perdu face aux multiples offres, programmes et conseils des domaines marketing, des réseaux sociaux et de la publicité.
Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises méthodes pour se faire connaître. Il y a toutefois une règle déontologique importante à respecter, soit l’interdiction de solliciter une clientèle que vous servez déjà au sein d’un emploi salarié, que ce soit dans le milieu communautaire ou dans le réseau public. Il vous faudra aussi être vigilant face aux possibilités de conflits d’intérêts si vous optez pour une pratique hybride (salariée et autonome).
Il n’est pas obligatoire d’avoir un site Web ni des pages professionnelles sur tous les réseaux sociaux comme Facebook, Instagram et LinkedIn. Vous devez évaluer votre aisance et le temps que vous souhaitez investir pour produire du contenu sur le Web, qu’il soit sous forme écrite, audio ou vidéo. Un élément récurrent soulevé par les professionnels en gestion de réseaux sociaux est l’importance de la constance. Selon eux, il est plus bénéfique de faire des publications moins fréquentes, mais de maintenir son rythme dans le temps, que de publier tous les jours ou même plusieurs fois par jour et de ne plus publier du tout après quelques jours. Les connaisseurs du domaine suggèrent aussi d’éviter d’utiliser le Web uniquement pour vendre vos services en faisant de la publicité, mais de s’en servir surtout pour fournir du contenu, de l’information de valeur pour les gens. L’objectif d’une visibilité sur le Web est donc d’informer la clientèle potentielle, de l’intéresser et d’augmenter votre visibilité.
Déclarer son statut de travailleur autonome
Si vous effectuez votre pratique privée en votre nom et que vous ne générez pas plus de 30 000 $ par année avec les services que vous vendez, vous n’avez pas à vous déclarer comme travailleur autonome à l’État. Mais dès que votre revenu comme travailleur autonome excède 30 000 $ par année, vous êtes tenu de vous inscrire aux fichiers de la TPS et de la TVQ et de percevoir ces taxes. Pour plus d’information à ce sujet, nous vous invitons à consulter le site du ministère du Revenu du Québec : https://www.revenuquebec.ca/fr/entreprises/taxes/tpstvh-et-tvq/inscription-aux-fichiers-de-la-tps-et-de-la-tvq/
Si vous décidez d’exercer sous un autre nom que le vôtre et si vous générez plus de 30 000 $ de revenus dans l’année, vous devez faire une démarche d’inscription auprès du registraire des entreprises du Québec et obtenir un numéro d’entreprise pour le Québec.
Généralement, les professionnels de la relation d’aide en pratique privée s’inscrivent en tant qu’entreprise individuelle, c’est ce que l’on appelle une forme juridique d’entreprise. Toutefois, il existe plusieurs autres formes juridiques possibles. Pour en connaître plus à ce sujet, vous pouvez consulter le lien suivant : https://www.quebec.ca/entreprises-et-travailleurs-autonomes/demarrer-entreprise/formes-juridiques-entreprise.
Il est néanmoins à noter que, puisque l’Ordre n’a pas à ce jour adopté de Règlement sur l’exercice en société, les criminologues ne peuvent exercer leur profession au sein d’une société par actions (SPA) ou au sein d’une société en nom collectif à responsabilité limitée (SENCRL). Il est fortement conseillé de faire appel à un comptable, à un notaire ou à un avocat avant de choisir la forme juridique de votre entreprise, pour que l’option choisie soit celle qui convient le mieux à votre projet d’entreprise et surtout, à la règlementation en vigueur.
Comptabilité
La comptabilité est un incontournable pour les travailleurs autonomes en général. Vous pouvez noter vos revenus et vos dépenses soit vous-mêmes, soit avec l’aide d’une plateforme (p. ex. : Psylio, QuickBooks, etc.) ou selon un système que vous bâtirez, par exemple, avec un formulaire Excel et des dossiers sur votre ordinateur. Si la comptabilité n’est pas votre tasse de thé, vous avez aussi la possibilité de déléguer cette tâche à un comptable.
Un programme d’accompagnement gratuit et personnalisé est offert par Revenu Québec pour les nouveaux entrepreneurs/travailleurs autonomes afin de leur fournir toutes les informations nécessaires pour s’assurer de connaître l’ensemble des obligations fiscales. Il peut être intéressant de s’y inscrire.
Facturation
Lors de la vente d’un service, une facture et un reçu doivent être générés et remis au client qui a acheté ce service. La forme d’une facture ou d’un reçu peut être très simple, c’est-à-dire inscrire les informations nécessaires sur un document Word et le transformer en format PDF pour l’envoyer au client. Plusieurs modèles existent sur le Web, que vous pouvez utiliser en modifiant les informations selon vos besoins. Nombre de plateformes de prise de rendez-vous, de comptabilité ou de tenue de dossiers (p. ex. : GoRendez-vous, QuickBooks, Psylio) offrent une fonction de facturation et génèrent un modèle de facture et de reçu avec les informations que vous aurez préalablement entrées. Si vous offrez des services en présentiel, vous pouvez aussi faire des reçus à la main sur papier. Toutefois, si vous privilégiez cette option, assurez-vous de conserver une copie de ces reçus pour votre déclaration de revenus.
Les informations qui doivent obligatoirement se retrouver sur une facture sont les suivantes :
- date;
- numéro de facture (le choix du numéro n’est pas important, il s’agit toutefois que les numéros se suivent, p. ex. : 1re facture — 0001, 2e facture — 0002, etc.);
- nom et adresse de la personne ou l’entreprise qui facture;
- nom et adresse de la personne ou l’entreprise qui est facturée (client);
- description du service;
- montant facturé;
- montants de la TPS et de la TVQ (le cas échéant);
- Numéros de TPS et TVQ (ex. : 01010 1010 RT0001/0101010101 TQ0001, le cas échéant);
- total de la facture (avant taxes — et après taxes si vous être inscrit aux taxes);
- termes de paiement (ex. : À la réception, d’ici 5 jours, dans les 10 jours ouvrables, etc.).
Impôts et taxes
En tant que travailleur autonome, vous devez déclarer l’ensemble des revenus générés par les services que vous offrez. Si vous avez une pratique hybride, vous aurez à déclarer vos revenus comme salarié (selon les feuillets fiscaux — p. ex. : T4) et vos revenus de travailleur autonome (avec les factures que vous avez produites). Si vous avez une entreprise individuelle, ces deux types de revenus seront rapportés dans la même déclaration, soit celle des particuliers.
Vous vous demandez à quel moment vous devez réclamer des taxes à vos clients? Depuis le 20 juin 2024, les services de psychothérapie et de criminologie sont exonérés de taxes, ce qui veut dire que lorsque vous offrez des services à des particuliers (individu, couple, famille) en tant que criminologue, vous n’avez pas à faire payer les taxes à votre clientèle. Le gouvernement du Canada reconnaît les criminologues ainsi que certains autres professionnels membres d’ordres également en tant que conseillers thérapeutiques (profession qui n’existe pas sous ces termes au Québec).
Toutefois, si vous offrez de la formation à un groupe, par exemple, il ne s’agit pas d’un service qui peut être exonéré, puisqu’il ne s’agit pas de counseling thérapeutique.
À partir du moment où vous générez 30 000 $ et plus de revenus de travailleur autonome taxables, vous devez vous inscrire à la déclaration de taxes auprès de Revenu Québec et ainsi réclamer les taxes à vos clients sur tous les services qui ne sont pas exonérés.
Vous avez donc le choix de vous inscrire dès le démarrage de votre pratique privée aux fichiers des taxes sur le site de Revenu Québec ou d’attendre de vous approcher du montant de 30 000 $ pour le faire. Un conseil : suivez vos finances de près afin d’effectuer votre démarche d’inscription à temps et ne pas avoir à facturer des taxes rétroactives à vos clients.
Déterminer son tarif
Afin de déterminer le montant à demander à votre clientèle, plusieurs éléments peuvent être pris en considération. D’emblée, notre code de déontologie fournit quelques informations sur le sujet :
Honoraires et autres frais
54. Le criminologue demande et accepte des honoraires justes et raisonnables en tenant compte notamment :
1° de son expérience et de ses compétences particulières;
2° du temps consacré à la prestation des services professionnels convenus;
3° de la nature et de la complexité des services professionnels;
4° de la prestation de services inhabituels ou dispensés hors des conditions habituelles;
5° de la compétence et de la célérité exceptionnelles nécessaires à la prestation des services professionnels;
6° des dépenses et frais encourus.
L’exploration des honoraires d’autres professionnels de la santé mentale et des relations humaines, pour des services semblables à ceux que vous souhaitez offrir, peut aider à fixer les vôtres. À titre d’exemple, une séance de suivi psychosocial en privé par un travailleur social, un psychoéducateur ou un sexologue peut coûter entre 90 $ et 150 $/heure. Tout dépend du type de service offert, du niveau de scolarité ou d’expérience dans le domaine, de l’accessibilité ou de la rareté du service offert.
Il vous faudra évaluer le tout et éviter les extrêmes. Par exemple, fixer des honoraires beaucoup plus bas que la majorité des professionnels offrant le même type de service (p. ex. : 40 $ pour une rencontre d’une heure) pourrait avoir comme effet de déprécier votre travail et d’induire chez des clients potentiels l’impression que vos services sont de moins bonne qualité. A contrario, fixer un tarif beaucoup plus haut que la moyenne (p. ex. : 300 $ pour une rencontre individuelle d’une heure) pourrait nuire à l’intérêt des clients pour vos services, étant donné une faible accessibilité.
Remboursement par l’assureur ou impôts
À l’heure actuelle, les reçus émis par les criminologues pour des services offerts ne sont généralement pas reconnus par les compagnies d’assurances. Il est donc rare que les clients présentant un reçu de service en criminologie soient remboursés. Des criminologues exerçant dans le privé ont rapporté que certains de leurs clients avaient réussi à obtenir un remboursement. Actuellement, il est toutefois impossible de garantir qu’une compagnie en particulier acceptera tout reçu provenant d’un criminologue.
Concernant les impôts, à l’heure actuelle, seuls les criminologues détenant un permis de psychothérapie émis par l’Ordre des psychologues du Québec font partie de la Liste des professionnels de la santé autorisés aux fins du crédit d’impôt pour frais médicaux et peuvent donc remettre un reçu à leur clientèle qui sera admissible au crédit d’impôt fédéral.
Concrètement, au moment de la rédaction de ce guide, les reçus de service des criminologues exerçant dans le privé ne pourront généralement pas permettre aux personnes qui les consultent d’obtenir un quelconque remboursement.
Aspects cliniques
Clientèles et types de services
L’intérêt pour la pratique privée en criminologie est relativement récent et l’éventail des types de services que l’on peut offrir et des clientèles que l’on peut servir est en expansion. Suivis psychosociaux de prévention de la criminalité, relation d’aide auprès des victimes d’actes criminels, évaluations à la Cour, supervision clinique, enseignement, consultation et formations ne sont que quelques exemples d’activités que peuvent faire les criminologues de manière privée. Quant aux clientèles, les adultes, les mineurs, les familles, les couples dont une des deux personnes est judiciarisée, les personnes ayant été victimes ou étant à risque d’être victimes d’actes criminels, les personnes incarcérées ou tout juste sorties de détention peuvent toutes être des personnes à qui vous offrez vos services.
Un exercice important à faire avant de démarrer votre pratique est de définir quelle est votre expertise particulière. Les professionnels qui se lancent peuvent avoir tendance à élargir leur éventail de clientèle, à vouloir en servir plusieurs à la fois, offrir une panoplie de services, pour augmenter leurs chances de livrer leurs services. Toutefois, en entrepreneuriat, viser un trop large public revient à ne réussir à toucher personne. Par exemple, une mère qui vit avec son fils qui vient de sortir de prison et qui veut du soutien pour gérer sa relation avec lui, ira naturellement vers le professionnel qui annonce offrir des services aux proches des personnes judiciarisées plutôt qu’un professionnel qui annonce offrir des suivis pour toutes les personnes souffrant de difficultés liées à leur santé mentale. La « niche » vous permettra donc de rester centré sur ce que vous souhaitez réellement faire, et si vous investissez l’énergie nécessaire pour faire connaître vos services, les références viendront à vous.
Un autre élément à considérer avec attention : l’exercice de la psychothérapie et les interventions qui s’y apparentent. La différence entre le contenu d’un suivi psychosocial et d’un suivi en psychothérapie peut être floue. Rappelons que seuls les criminologues qui détiennent le permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec concernant l’exercice de la psychothérapie peuvent pratiquer cette activité.
La rédaction du guide explicatif a donné lieu à un exercice de définition de ce qui constitue de la psychothérapie et de ce qui n’en est pas.
Comment recrute-t-on des clients?
Il existe plusieurs moyens de vous bâtir une clientèle, que ce soit par le bouche-à-oreille, par la publicité payante, par le référencement organique sur le Web ou en contactant des organisations, des organismes pour leur faire part de vos services.
Certaines cliniques privées embauchent aussi des professionnels de la santé mentale à salaire ou comme travailleur autonome pour effectuer des suivis psychosociaux. Selon leur modèle d’affaires, ces cliniques s’occupent généralement de tout l’aspect administratif, de la publicité, de la visibilité, des communications, etc. Cela vous donne ainsi un coup de pouce significatif pour l’organisation de votre pratique privée et vous permet de vous concentrer davantage sur vos rencontres avec les clients.
Si vous êtes une personne passionnée et expérimentée en victimologie, vous pouvez vous inscrire en tant que fournisseurs auprès de l’IVAC (Indemnisation des victimes d’actes criminels), et ce sera alors cette instance qui acquittera vos honoraires. Vous devrez toutefois trouver la clientèle vous-mêmes.
Il existe aussi des programmes d’aide aux employés qui retiennent les services des criminologues afin d’offrir des suivis psychosociaux à leur clientèle. Dans ce cas, vos honoraires seront payés par le programme d’aide en question.
Vous pouvez aussi faire le choix de mener votre pratique de façon complètement autonome. Afin de faire un choix éclairé, voici un article qui explique bien les avantages et inconvénients des différents types de pratiques : https://www.sofasexologique.com/cabinet-de-sexologues-a-lethique-douteuse/
Champs de pratique des criminologues
La pratique privée chez les criminologues est peu commune et peu connue. Avec la mise en place de l’Ordre professionnel, depuis quelques années, nos milieux de pratique s’élargissent, et nos compétences sont de plus en plus reconnues et utilisées. Notre apport dans le paysage psychosocial peut être encore plus grand, et la pratique privée a la chance d’y contribuer. En ce moment, choisir d’investir dans la pratique privée revient à choisir de participer au défrichage de la profession. Cela offre un bel espace de créativité et vient avec une responsabilité d’éducation populaire. Comme notre profession est encore jeune (en comparaison avec la psychologie, par exemple), il est probable que nous devions expliquer, la majorité du temps, les fondements de nos études et ce que nous faisons concrètement au quotidien.
Formation continue
Comme l’ensemble des criminologues au Québec, le criminologue qui pratique dans le privé doit s’assurer de faire au minimum 30 heures de formation continue sur une période de deux ans. Afin d’en connaître plus sur les attentes de l’Ordre à ce sujet, vous pouvez consulter la page dédiée.
Supervision et accompagnement clinique
Un des principaux enjeux de la pratique privée est l’isolement, auquel s’ajoute un sentiment de solitude. Se retrouver soudainement sans collègues à proximité peut être difficile tant pour notre plaisir au travail que pour l’objectivité dont nous devons faire preuve dans le cadre de nos activités professionnelles. Des rencontres de supervision ou d’accompagnement clinique sont alors importantes à considérer. Ces rencontres permettent de dénouer des impasses d’intervention, de continuer à évoluer en tant que professionnel et d’acquérir des outils pour faire face à sa nouvelle réalité de travail autonome. Il existe quelques criminologues qui offrent ce service dans le privé et auxquels vous pouvez vous référer.
Il est aussi possible de vous joindre à un groupe de co-développement composé de professionnels de notre domaine ou de domaines connexes. Il faudra à ce moment seulement vous assurer, si vous abordez des cas cliniques, de préserver le plus possible la confidentialité des informations concernant la clientèle et d’avoir préalablement obtenu son consentement afin d’échanger avec d’autres professionnels aussi soumis au secret professionnel, dans un but d’amélioration de votre pratique. Cet accord du client peut être donné dans le consentement que vous lui ferez signer en début de suivi.
Aspects déontologiques
Éthique et déontologie (OPCQ)
Comme l’ensemble des criminologues au Québec, le criminologue œuvrant dans le privé est pleinement responsable de s’assurer que sa pratique est conforme au Code de déontologie de l’OPCQ. Étant généralement plutôt seul dans ses activités professionnelles quotidiennes, le criminologue dans le privé peut avoir plusieurs questions liées à l’éthique et à la déontologie et ne pas savoir vers quelle ressource se tourner. Une des premières étapes avant d’entamer des démarches de démarrage et de passer à l’action est de prendre le temps de lire le Code de déontologie, le référentiel de compétence et toute autre documentation officielle, toutes disponibles sur le site Internet de l’Ordre. Une formation spécifique sur le sujet intitulée Éthique et déontologie en criminologie est offerte par l’Ordre.
Loi 25
La Loi modernisant des dispositions législatives en matière de protection des renseignements personnels, aussi appelée Loi 25, est récemment entrée en vigueur et oblige les entreprises privées, entre autres, à s’assurer de la sécurité des données personnelles recueillies. Diverses actions sont nécessaires en ce sens. L’OPCQ a rédigé un avis professionnel, qui peut être consulté.
Titre professionnel et termes
Dans le domaine de la relation d’aide, plusieurs termes sont utilisés pour définir le titre des professionnels et le type de service offert : intervenant psychosocial, thérapeute, thérapeute en relation d’aide, coach en développement personnel, psychologue, psychothérapeute, intervenant en santé mentale, etc. Cela peut rapidement devenir confus.
En 2009, la Loi modifiant le Code des professions et d’autres dispositions législatives dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines a été adoptée par l’Assemblée nationale afin de redéfinir les champs d’exercice professionnel dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines. C’est à ce moment que le titre de psychothérapeute, entre autres, a été encadré légalement. Ainsi, à partir de cette adoption, afin de s’afficher comme psychothérapeute et d’exercer la psychothérapie, le professionnel doit détenir un permis délivré par l’Ordre des psychologues du Québec.
Dans le cadre de votre pratique privée, vous pouvez vous afficher en tant que criminologue uniquement si vous êtes membre de l’Ordre professionnel des criminologues du Québec et qu’un permis de pratique vous a été délivré. Il est également possible d’être criminologue et psychothérapeute, mais uniquement si vous détenez également un permis de l’Ordre des psychologues du Québec pour exercer la psychothérapie.
Plusieurs autres titres utilisés en relation d’aide ne sont pas encadrés, tels que thérapeute, intervenant psychosocial, intervenant en relation d’aide, etc. Il est possible de porter deux titres, mais vous devez toutefois vous assurer d’avoir les permis et de respecter l’ensemble des exigences nécessaires, s’il s’agit de deux professions (p. ex. : criminologue et travailleur social). Le tout devra être expliqué clairement à vos clients afin que les services que vous offrez, les limites de vos activités professionnelles et la protection à laquelle le public a droit soient des éléments évidents et que la clientèle puisse faire un choix éclairé.
Liste non exclusive de ressources qui peuvent vous aider :
- Code de déontologie des criminologues
- Règlement sur la tenue de dossier OPCQ
- Revenu Québec — Programme d’accompagnement : https://www.revenuquebec.ca/fr/une-mission-des-actions/vous-aider-a-vous-conformer/programme-daccompagnement/
- Formes juridiques d’entreprises : https://www.quebec.ca/entreprises-et-travailleurs-autonomes/demarrer-entreprise/formes-juridiques-entreprise
- Forme juridique d’entreprise — Entreprise individuelle : https://educaloi.qc.ca/capsules/lentreprise-individuelle-travailleur-autonome/
- Revenu Québec — Facturation : https://www.revenuquebec.ca/fr/entreprises/taxes/tpstvh-et-tvq/perception-de-la-tps-et-de-la-tvq/preparation-des-factures/
- Outils pour démarrage de la pratique autonome : https://academie-des-autonomes.ca/
- Registraire des entreprises : https://www.quebec.ca/gouvernement/ministeres-et-organismes/registraire-entreprises
- Psychothérapie et interventions qui s’y apparentent : comment tracer la ligne?
- Vignette clinique en criminologie sur l’exercice de la psychothérapie
- Projet de loi 21 : https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/lois_et_reglements/LoisAnnuelles/fr/2009/2009C28F.PDF
- Loi 25 – Aide-mémoire des obligations : https://www.cai.gouv.qc.ca/documents/CAI_Guide_obligations_entreprises_vf.pdf
- Loi 25 : https://www.publicationsduquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/Fichiers_client/lois_et_reglements/LoisAnnuelles/fr/2021/2021C25F.PDF
- Trousse d’aide à l’application de la Loi 25 : https://www.cy-clic.com/
- Loi 25 — Psylio : https://www.psylio.com/fr/security