Au cours de l’année 2023-2024, l’OPCQ s’est donné le mandat de documenter la pratique privée de ses membres afin d’avoir un meilleur portrait des domaines de pratique et d’expertise dans lesquels ils œuvrent.
L’OPCQ a vu le nombre de ses membres exerçant au privé augmenté de manière significative en quatre ans, passant de 42 membres en 2019 à 75 en 2023. Cet état de situation fait partie d’un plan plus global d’actions entreprises par l’Ordre pour faire reconnaître le travail des criminologues exerçants au privé.
L’Objectif est de mettre en valeur cette pratique et de la faire reconnaître notamment auprès des compagnies d’assurance.
Méthodologie
Des entretiens semi-directifs ont été effectués auprès des criminologues travaillant en pratique privée. Des 75 membres qui ont pris une assurance privée en 2023, 54 ont répondu à notre offre de documenter leur pratique. De ce nombre, nous avons répertorié 44 femmes et 10 hommes. Les entretiens étaient d’une durée moyenne de 30 minutes.
Les questions d’entrevue portaient notamment sur les services offerts, la clientèle desservie, les problématiques touchées, les approches privilégiées et les modes de rémunération.
Les prochaines lignes présentent le portrait global de la pratique privée des criminologues au Québec.
Description des criminologues en pratique
L’OPCQ s’est intéressé à l’âge des criminologues offrant leurs services en pratique privée. Selon les données recueillies, nous constatons que les membres sont répartis également entre les différents groupes d’âge soit un quart dans chacune des catégories suivantes : 25-35 ans, 36-45 ans, 46-55 ans et enfin 56 ans et plus. De plus, jumeler deux groupes d’âge, nous permet de mettre de l’avant que la majorité des criminologues de notre échantillon (56 %) a entre 36 et 55 ans.
De même, si on s’attarde au nombre d’années d’expérience qu’ont les criminologues dans ce type de pratique, nous relevons que 41 % (22) d’entre eux ont plus de 20 ans d’expérience professionnelle, 35 % (19) ont 10 ans et moins et 24 % (13) en ont entre 11 et 20 ans.
Spécifions que les catégories ex-aequo ayant le plus grand volume de professionnels sont celles des 6 à 10 ans et les plus de 30 années d’expérience professionnelle, avec chacune 18 % (10) de criminologues. On constate que la pratique privée est l’emploi principal de nos membres dans 35 % (19) des cas. Ajoutons également qu’une petite poignée de criminologues ont opté pour la pratique privée après avoir pris leur retraite de la pratique publique. (Voir figure 1)
Sans surprise, les trois quarts des criminologues sont des femmes, à l’image de l’ensemble des criminologues de l’OPCQ et des cohortes universitaires. Pour ce qui est des langues utilisées par nos criminologues, la totalité parle le français, 44 %, l’anglais et un très petit nombre peut offrir un service dans une autre langue. (Voir figure 2.)
Notre collecte d’informations nous révèle que nos criminologues se trouvent davantage dans la région de Montréal (30 %), suivie de près par la Capitale-Nationale (24 %). Cependant, comme le tableau le montre, nous trouvons des professionnels dans plusieurs régions du Québec. (Voir figure 3.)
Nous nous sommes penchés sur la question de savoir si les criminologues en pratique privée étaient également détenteurs d’un autre permis d’exercice. Il appert que sur 14 psychothérapeutes-criminologues, huit d’entre eux font de la pratique privée.
Services offerts
a. Évaluation
Nous relevons que près de 35 % (19) des criminologues effectuent des évaluations demandées par des avocats de la défense, des procureurs, des avocats d’immigration ou du tribunal.
Le type d’évaluation produit est un rapport présententiel, prédécisionnel ou encore une évaluation criminologique.
b. Suivi psychosocial en criminologie
Nous pouvons souligner que plus des deux tiers (78 %) des criminologues en pratique privée offrent un suivi clinique. Il est à noter que 71 % (30) de ce nombre offrent un suivi clinique auprès des intervenants, des gestionnaires et des équipes de travail.
+ Type de suivi : C’est le mode d’intervention individuel qui est offert de façon majoritaire, à 93 % (50). Les services offerts aux familles et aux couples arrivent en deuxième position, avec 44 % (24). Nous constatons tout de même que plusieurs des professionnels, soit 35 % (19), offrent un service de groupe. Ajoutons que la durée de l’intervention est variable selon les besoins et les attentes de l’usager. (Voir annexe, figure 4.)
+ Approche clinique : Les trois approches les plus utilisées sont : cognitivo-comportementale, à 80 % (42), orientée vers les solutions, à 72 % (38) et humaniste, à 65 % (35). Il est important de spécifier que 91 % (49) des criminologuesutilisent plus d’une approche selon la clientèle, la problématique et les besoins du client. (Voir annexe, figure 5.)
+ Clientèle : Les criminologues offrent des services autant aux personnes victimes d’acte criminel qu’aux personnes contrevenantes. Les criminologues en pratique privée comptent également parmi leur clientèle un nombre relativement significatif d’intervenants/gestionnaires/ équipes de travail, et ce, dans une proportion de 55 % (30). Enfin, à plus faible échelle, nous trouvons le ministère de la Santé et des Services sociaux et le ministère de la Justice, dans 28 % (15) des cas. (Voir annexe, figure 6.)
De plus, il est intéressant de constater qu’à la lumière des données recueillies, le public peut compter sur les services de criminologues pour un large éventail de problématiques.
Sans vouloir embrouiller le lecteur de chiffres, voici quelques données : nous constatons au premier rang ex æquo, les dépendances de toute sorte (drogue, alcool, sexuelle, jeu, etc.) et l’anxiété, à 87 % (47). Nous trouvons au deuxième rang, la dépression et l’épuisement professionnel, dans une proportion de 85 % (46). La gestion des émotions suit de très près, avec 83 % (45) des cas. Les criminologues interrogés offrent des services pour plusieurs problématiques, ce qui explique que les pourcentages ne peuvent s’additionner. (Voir annexe, figure 7.)
Tous les criminologues rencontrés offrent leurs services à une clientèle adultes et 70 % (38) d’entre eux œuvrent également auprès des jeunes. Nous pouvons remarquer que peu de membres offrent leurs services auprès des 0-5 ans (24 %). (Voir annexe, figure 8.)
Tous les criminologues rencontrés offrent leurs services à une clientèle adultes et 70 % (38) d’entre eux œuvrent également auprès des jeunes. Nous pouvons remarquer que peu de membres offrent leurs services auprès des 0-5 ans (24 %). (Voir annexe, figure 8.)
L’ensemble des criminologues sauf un offrent leurs services sans égard au sexe du client.
La majorité des criminologues offre leurs services en mode virtuel 96 % alors que 74 % d’entre eux sont disponibles pour une rencontre en personne. Notons que 54 % des membres offrent les deux modes de prestation.
c. Soutien
Les données recueillies nous ont permis de constater que 30 % (16) des criminologues effectuent de la supervision/ du coaching ou du mentorat auprès de groupes ou d’équipes de travail dans une organisation ou auprès de criminologues voulant se lancer dans la pratique privée.
Il est bon d’indiquer que 39 % (21) des criminologues de notre échantillon agissent à titre de consultants pour des organismes gouvernementaux.
Nous trouvons également des criminologues 30 % (16) qui offrent de la formation ou donnent des conférences liées à la profession.
d. Prévention
Notre analyse des services offerts en pratique privée nous amène à relever que quelques-uns des criminologues, à savoir 4 % (2), agissent également sur le plan de la prévention dans les écoles.
Nous invitons le lecteur à consulter le tableau en annexe afin de bien visualiser le portrait des catégories de services offerts par les criminologues interrogés. (Voir annexe, figure 9.)
Rémunération
+ IVAC : Près de la moitié des criminologues en pratique privée (23) ont une entente de services avec l’IVAC qui prend en charge le coût des services.
+ PAE : 31 % des criminologues sont affiliés à un programme d’aide aux employés (PAE). Le suivi est généralement de courte durée (entre 6 et 12 rencontres), et c’est le programme d’aide aux employés qui défraie les coûts de consultation.
+ Dans d’autres cas de figure, le payeur peut être l’avocat de la défense, l’aide juridique, le conseil de bande, les MSSS/CIUSS/CISSS, le Collège (contrat de service), l’immigration, la compagnie Servirplus et la clinique psychosociale. Cette portion représente 22 %.
Notons qu’actuellement, très peu de compagnies d’assurances (Beneva entre autres) permettent aux criminologues d’émettre des reçus à la clientèle, sans quoi toute la charge financière revient à l’usager.
Conclusion
Si l’on s’amuse à jumeler les différentes données qui ressortent de façon majoritaire, on peut remarquer la tangente suivante : le criminologue, majoritairement féminin, offre un suivi clinique individuel en français à une clientèle victime d’acte criminel ou à une personne contrevenante adulte ayant une problématique de dépendance, d’anxiété et de dépression ou d’épuisement professionnel, en utilisant l’approche cognitivo-comportementale, et ce, à 80 % (43).
De façon plus générale, nous constatons que les criminologues offrent des services variés, interviennent auprès de multiples problématiques (anxiété, violence, dépendance, agression sexuelle…), et desservent toute la population (0-99 ans).