Au contact d’auteurs d’actes criminels et de personnes victimes, elle a développé une sensibilité ainsi qu’un profond intérêt vis-à-vis des réalités à la fois multiples et uniques de chacune des personnes qu’elle a rencontrées.
Très tôt, elle a souhaité accompagner les personnes concernées par un acte criminel dans des espaces qui permettent un dialogue sécuritaire et sans jugement. Elle rêvait d’un espace où ces personnes seraient mises de l’avant, où on ne viendrait pas « dire et penser pour elles » et où on leur accorderait notre confiance.
Après avoir exploré quelques milieux de travail (maisons de transition, organismes intervenant auprès de femmes en difficulté et centres jeunesse), c’est finalement sa rencontre avec l’univers de la justice réparatrice qui a été décisive. Cette médiatrice dans l’âme y a trouvé sa voie. Mme Lamoureux a débuté sa carrière dans le réseau Équijustice, regroupement des organismes de justice alternative du Québec), en 2001. De 2019 à 2022, elle a œuvré en tant que directrice au volet justice des mineurs de ce même réseau. Depuis 2022, elle est en poste à la direction générale du réseau Équijustice. Elle est toujours avide de nouvelles connaissances, animée d’une grande curiosité et d’un désir de continuellement parfaire l’accompagnement à offrir en justice réparatrice et en médiation, et ce, 23 ans plus tard. C’est avec reconnaissance et humilité qu’elle a endossé ce nouveau rôle tout en poursuivant sa pratique comme médiatrice dans l’équipe du Programme Possibilité de justice réparatrice du Service correctionnel du Canada.
Marie-Eve Lamoureux accorde une grande valeur à la collaboration, au partage des expériences et des connaissances interdisciplinaires. C’est au contact de différentes influences et de mentors avec qui elle a l’opportunité de travailler qu’elle continue d’apprendre et d’évoluer. Elle mentionne notamment toute l’importance de savoir bien s’entourer. C’est en discutant, en reconnaissant les différentes réalités, en acceptant d’entendre des points de vue divergents du nôtre qu’il est possible d’ouvrir de nouvelles portes. C’est de cette façon, avec toute son ouverture et sa bienveillance, épaulée par son prédécesseur et tout son réseau, qu’elle travaille à créer de nouveaux partenariats qui, de prime abord, peuvent sembler improbables. Le tout dans la poursuite d’un seul et même objectif : le développement d’une culture du dialogue dont pourront profiter tous celles et ceux qui sont confrontés à des difficultés.
La judiciarisation des problèmes sociaux n’est pas toujours souhaitable et ce n’est pas ce qui permet toujours de prendre soin des personnes. En reconnaissant les torts qui ont été causés, sans se restreindre à la seule considération du non-respect de la loi, il est possible de les accueillir et de les accompagner dans le dialogue. C’est ce regard croisé sur les torts vécus et les attentes de réparation des personnes que peut offrir une médiatrice telle que Marie-Eve.
Pour cette criminologue et médiatrice, prendre soin des personnes c’est être en mesure d’aller vers elles, de s’adapter à leur réalité avec ouverture et non-jugement, de respecter leur rythme et leur vécu ainsi que d’adopter une posture où l’on se tait pour mieux écouter. C’est aussi, en tant que professionnelle du milieu de la justice réparatrice et de la médiation, d’être capable de se remettre en question, de ne jamais s’asseoir sur ses connaissances et de se saisir de chacune des opportunités d’apprendre.
Mme Lamoureux ne cessera jamais de travailler à une meilleure compréhension de la justice réparatrice. Elle souhaite ardemment que les professionnels ne questionnent plus la légitimité d’offrir les services de justice réparatrice, dans tous les contextes, car ne pas écouter les attentes des personnes, les écarter d’un service dont elles pourraient bénéficier, c’est prendre le risque de générer de nouvelles souffrances. Elle nourrit également l’idée de fédérer et de faire rayonner la justice réparatrice dans toute la francophonie. Pour Marie-Eve Lamoureux, rien ne serait possible sans toutes les personnes qui s’engagent dans la justice réparatrice, incluant les jeunes générations.
Elle aspire à ce que la justice réparatrice soit davantage mise de l’avant auprès de la relève en criminologie et éveille leur intérêt pour ce métier complexe, délicat et qui permet tant de possibilités.
Comme cette étudiante qui a un jour pris son courage à deux mains pour questionner ce qu’on tentait de lui enseigner dans le cadre de son baccalauréat, Marie-Eve souhaite encourager les futurs criminologues à se permettre de remettre les différents systèmes et façons de faire en question. Elle les invite à saisir les opportunités qui se présentent à eux, comme elle l’a fait, pour défricher de nouveaux sentiers où tout reste à découvrir et à inventer.