« La jeunesse est un trésor inestimable, mais c’est en la mettant à l’épreuve que nous pouvons en extraire toute sa valeur. »
Taoufik Hicham MABO
La délinquance juvénile est une réalité complexe et multiforme, elle n’est pas linéaire, mais multifactorielle. Comprendre pourquoi certains jeunes, de plus en plus précocement, adoptent des comportements déviants ou marginaux est essentiel pour élaborer des stratégies de prévention et d’intervention efficaces.
Sur quels facteurs principaux devons-nous axer nos interventions ?
Le contexte familial peut avoir une grande incidence positive ou négative sur nos jeunes. Nous savons tous que la qualité des relations familiales et l’environnement à la maison jouent un rôle primordial dans le développement des jeunes.
Lorsque ces derniers se trouvent dans des familles où l’affection est rare, où les conflits sont fréquents ou dont les parents sont souvent absents, l’adoption de comportements délinquants peut devenir une solution de facilité dans leur recherche d’appartenance.
Aussi, la pauvreté et l’exclusion sociale font que les jeunes issus de milieux défavorisés peuvent être poussés vers la délinquance par le besoin de subvenir à leurs besoins ou par sentiment de frustration face aux inégalités sociales. Ces choix peuvent être une tentative, réussie ou non, de reprise de pouvoir sur leur vie.
Les troubles psychologiques sont aussi un élément à considérer. Certains jeunes développent des troubles de santé mentale ou des difficultés émotionnelles qui, sans prise en charge adéquate, peuvent mener à des comportements à risque. Effectivement, ces jeunes ont souvent besoin d’un accompagnement psychologique pour gérer les traumatismes, la colère ou les sentiments de rejet qu’ils peuvent éprouver.
Finalement, les jeunes qui décrochent du système scolaire par manque de motivation ou d’intérêt ou qui n’ont pas accès à des opportunités d’emploi voient souvent leur espoir d’un avenir meilleur s’éroder, les poussant parfois vers des solutions comme la délinquance.
Que devons-nous faire afin d’aider les jeunes à se développer positivement ?
Bien entendu, la prévention demeure la principale clé à privilégier. C’est un outil puissant pour contrer la délinquance, et on peut l’appliquer sous plusieurs formes.
Dans la famille
La famille est souvent le premier repère des jeunes, et un environnement familial sain peut être décisif pour prévenir la délinquance. C’est dans la famille que doivent être transmises notamment les valeurs comme le respect, la responsabilité et l’autonomie. Le cadre parental doit être présent afin que les jeunes puissent vivre dans un environnement stable, avec des règles de vie et un encadrement. Ces éléments peuvent être de bons freins à l’adoption de comportements déviants ou marginaux. L’aide aux parents peut aussi être bénéfique dans certaines situations; ces derniers peuvent avoir besoin d’acquérir des compétences en communication, de mieux comprendre les besoins de leurs enfants et de renforcer les liens familiaux.
Dans les écoles
L’école est un lieu stratégique pour détecter les signes de décrochage ou prévenir les comportements à risque chez les jeunes.
L’éducation ne se limite pas à l’enseignement des matières scolaires, elle joue également un rôle crucial dans le développement personnel et social des élèves. Une fois les jeunes bien encadrés, motivés et mobilisés, le risque de décrochage se trouve diminué chez eux, leur octroyant ainsi un développement optimal.
Dans la communauté
L’intégration communautaire est un pilier essentiel pour les jeunes. Lorsqu’ils se sentent valorisés et investis dans leur communauté, ils développent un sentiment d’appartenance qui réduit les risques de délinquance. De plus, il incombe à la société de s’assurer que les jeunes ont de l’espace pour se développer et de leur consacrer du temps pour les aider à devenir des adultes responsables.
Conclusion
Prévenir la délinquance juvénile exige une approche concertée, engageant non seulement les institutions scolaires, mais aussi les familles, la communauté et les institutions publiques. En renforçant le soutien familial, en valorisant les solutions de rechange éducatives, en favorisant l’intégration communautaire et en menant des campagnes de sensibilisation, il est possible de créer un environnement dans lequel les jeunes peuvent s’épanouir de manière positive. La prévention de la délinquance juvénile est avant tout un investissement pour un avenir plus sûr et plus solidaire, tant pour les jeunes eux-mêmes que pour la société québécoise dans son ensemble.
Josée Rioux, criminologue
Présidente, OPCQ