Au Québec, le choix a été fait au sein de la direction de la protection de la jeunesse de lier deux rôles distincts, mais essentiels, le tout guidé par des lois spécifiques. J’occupe effectivement la tâche de directeur de la protection de la Jeunesse (DPJ) en vertu de la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) et de Directeur provincial (DP) en vertu, cette fois, de la Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents (LSJPA), le tout dans la région de la Capitale-Nationale.
Durant les dernières années, plusieurs facteurs étaient en place pour que l’attention soit mise bien davantage sur le rôle du DPJ que sur celui du DP. La fusion des établissements avec la création des CISSS et CIUSSS en 2015, la pandémie de COVID-19 et l’augmentation des enfants et familles en attente de services en vertu de la LPJ sont quelques-uns de ces facteurs contributifs.
Sans jamais avoir négligé ce secteur d’activités, je me suis fermement engagé depuis les deux dernières années à m’investir encore davantage dans mon rôle de DP. Il serait trop facile de penser qu’une simple règle de proportion peut s’appliquer ici. Ce n’est pas parce que nos gens œuvrant spécifiquement en vertu de la LSJPA sont beaucoup moins nombreux au sein des services jeunesse qu’ils nécessitent moins de soutien.
Les DPJ arrivent souvent en poste avec des parcours quasi uniquement liés à la LPJ, alors qu’ils doivent également jouer un rôle de DP. Une familiarisation, une adaptation et un investissement de temps sont nécessaires à l’appropriation de ce nouveau rôle. Il m’apparait essentiel d’être en contact direct avec ce secteur pour être au fait des enjeux actuels, collaborer avec les partenaires impliqués et apprendre le volet de la LSJPA. Cela nous ramène à l’importance, tout comme pour la LPJ, d’avoir des équipes solides et des gens qui soutiennent l’expertise à travers le temps.
Nous sommes tous conscients que les jeunes et leurs familles peuvent recevoir, à un moment ou à un autre, des services et de l’accompagnement sous le couvert des deux lois nommées précédemment. Parfois, le tout est même vécu simultanément, selon les problématiques rencontrées et les actes posés par les adolescents. Un postulat essentiel doit en tout temps demeurer clair, soit : « Une loi ne peut se substituer à une autre ». Cela fait en sorte qu’il est important de réitérer nos attentes, notre appui et la reconnaissance des compétences spécifiques à l’ensemble des intervenants œuvrant dans la trajectoire jeunesse.
En ce sens, mes objectifs sont divers et variés et concernent tout autant les jeunes, leurs familles, que les intervenants. L’un des défis des dernières années et moins connu du public est de conserver et de valoriser l’expertise, notamment en LSJPA. Ce secteur a subi des transformations diverses et il est essentiel de conserver notre modèle québécois. C’est-à-dire de se faire, en quelque sorte, les gardiens du principe voulant qu’il soit possible de réhabiliter les adolescents et d’assurer leur réinsertion au sein de la collectivité. La manière la plus efficace d’assurer la protection du public demeure d’offrir des opportunités de réadaptation à la clientèle recevant des services en vertu de la LSJPA. Il faut réaffirmer cette position et faire appel aux meilleures pratiques ainsi qu’à tous nos partenaires, surtout lorsque l’on observe la présence ou l’augmentation d’infractions graves et dirigées envers les individus. Celles- ci inquiètent, avec raison, la population et il est du rôle du DP de chercher à mettre en place des pratiques diligentes et pertinentes.
Celles-ci ne seraient pas possibles sans l’apport de tous les partenaires du réseau et de la communauté. Le DP et ses représentants ont, à mon sens, une responsabilité « d’éduquer » et de communiquer avec les différents acteurs afin de faire connaître ce secteur et les besoins des jeunes qui y sont référés. Il faut toujours voir avec nos partenaires comment nous pouvons améliorer nos pratiques et l’importance de se requestionner régulièrement à propos de celles-ci.
Ces partenaires et services ressource, pour n’en nommer que quelques-uns, sont les nombreux organismes communautaires de notre région, les services policiers, la Cour, le réseau de la santé et des services sociaux, le soutien provincial LSJPA, les instituts de recherche, les nombreux chercheurs œuvrant en collaboration avec nos CISSS et CIUSSS, les milieux scolaires avec qui nous collaborons et qui développent nos futurs intervenants, etc. Finalement, tout comme pour la LPJ, la place est faite aux proches et aux personnes significatives accompagnant les jeunes contrevenants dans leur quotidien, leurs réussites et leurs embûches pour mettre ces derniers à l’avant-plan dans leur processus de changement.