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Le Beccaria

Le Beccaria : une lectrice enchantée

C’est avec grande fierté que je vous propose un survol du tout nouveau webzine, Le Beccaria, à la lumière des appréciations que j’ai pu en faire à la suite de ma lecture. Bien franchement, la variété et la qualité du contenu de cette première édition m’ont charmée et vous comprendrez pourquoi dans les prochaines lignes.

Helsa Bradford
Helsa Bradford, criminologue

L’arrivée des criminologues dans le système professionnel et dans plusieurs milieux étant encore toute nouvelle, cette revue criminologique qui sera publiée de façon bisannuelle (au printemps et à l’automne) se propose comme une façon de développer la culture entourant le titre de criminologue et de contribuer à faire reconnaître l’importance de la profession. Pour tout dire, l’objectif ciblé par cette publication officielle de l’Ordre professionnel des criminologues du Québec (OPCQ) est « d’emmener les criminologues à se questionner et à se tenir à jour sur leur pratique, à intéresser le public aux réalités du métier, à faire rayonner la profession et à informer la population de la mission de l’Ordre ».

Sous la direction d’une thématique maîtresse, dans ce cas-ci la réinsertion sociale, des professionnels de divers milieux (criminologues, travailleurs sociaux, employés du ministère de la Sécurité publique ou des services correctionnels, un directeur de maison de transition, une psychologue), des étudiants à la maîtrise et même des ex-prisonniers se proposent comme auteurs pour offrir aux lecteurs des textes d’opinion, des résumés de recherche, des articles sur les différentes pratiques autour du globe, des entrevues et d’autres formes de contenu toutes aussi captivantes les unes que les autres. C’est une initiative québécoise créée par et pour les gens de chez nous.

Comme mentionné dans le paragraphe précédent, chaque publication de ce magazine numérique s’articule autour d’un thème exploitant des enjeux d’actualités et donnant lieu à des échanges fructueux et pertinents sur la pratique criminologique, tout en invitant les lecteurs à se questionner et à réfléchir à la réalité qui les entoure. À ce propos, voici quelques pistes sur lesquelles l’un pourrait être appelé à méditer :

  • Des ex-détenus expriment la difficulté qu’il est pour eux de se réinsérer en société à l’expiration de leur mandat avec les services correctionnels et les embûches auxquelles ils doivent faire face au quotidien. Ils mentionnent que l’étiquette criminelle qu’on leur a posée alors qu’ils étaient des contrevenants ne décolle pas totalement une fois qu’ils ont obtenu leur libération, et ce, même après plusieurs années. Ces ex-détenus font état d’un manque de congruence entre l’aide que leur fournit le système pour se réhabiliter et les freins que leur pose ce même système une fois leur sentence terminée. De quelle façon le système de justice criminelle et les intervenants qui gravitent autour de celui-ci pourraient-ils amoindrir ce paradoxe entre l’aide et le contrôle ressenti des ex-détenus à leur libération ?
  • « Comment est-ce possible de travailler à réinsérer un individu qui, au préalable, n’a jamais été inséré socialement ?»
  • « Plus de 90% des personnes incarcérées vont éventuellement finir leur sentence et sortiront d’un établissement de détention. Avec quel type de support et d’encadrement ces personnes devraient-elles réintégrer nos communautés et devenir nos voisins ?»

Dans cette première édition du webzine abordant la réinsertion sociale, l’auteure Nathalie Vachon, conseillère à la Direction des programmes à la Direction générale des services correctionnels, a pris soin de souligner les bénéfices éprouvés d’axer l’intervention en matière de lutte contre la criminalité et de la prévention du risque de récidive en prônant une approche misant sur la « réinsertiologie » : la science de la réinsertion sociale. En examinant ce concept sous l’idée d’une science, il n’est donc pas question de dire que l’un croit ou non à la réinsertion sociale, mais qu’il est possible, à partir d’un regard critique et de résultats empiriques, de démontrer ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas en termes de moyens et de stratégies. Dans cet ordre d’idées, il est précisé dans l’un des articles que des analyses longitudinales ont démontré que les modèles axés sur la réhabilitation ont une incidence plus probante sur les faibles taux de récidive criminelle que les sanctions punitives.

Il importe maintenant de poser un éclairage sur les dernières initiatives québécoises en matière de réinsertion sociale pour lesquelles cette revue fait office de vitrine. D’abord, le 8 octobre 2019, le gouvernement provincial a instauré la Semaine de la réhabilitation sociale du 15 au 18 octobre. Ensuite, en novembre 2019, il y a eu le lancement de la Chaire de recherche en réinsertion sociale des personnes contrevenantes qui a pris naissance dans un partenariat entre l’Université Laval, le ministère de la Sécurité publique et le ministère de la Justice du Québec. La motion de l’Assemblée Nationale, émise par la ministre Guilbault, « affirme que la réinsertion sociale est la meilleure façon de réduire les risques de récidive des personnes contrevenantes et, ce faisant, de protéger la population à long terme. ». C’est si beau de voir le Québec solidaire devant une approche, voire une philosophie plus que nécessaire pour rappeler les efforts déployés pour aider les contrevenants à cheminer positivement sur les plans personnel et professionnel avant de réintégrer la collectivité. De surcroît, ces initiatives sont des occasions de faire la lumière sur le travail des intervenants et de rappeler aux Québécois et aux Québécoises que leur sécurité prévaut.

En terminant, toujours dans une optique de se rapprocher de ses membres et d’offrir du contenu diversifié, authentique et empreint de passion, l’OPCQ invite toute personne intéressée à prendre part aux prochaines éditions du webzine.

En effet, gardez l’œil ouvert sur vos réseaux sociaux pour l’annonce de la prochaine thématique de la revue Le Beccaria. Cette généreuse proposition est une occasion en or de s’impliquer au sein de la communauté de criminologues. Je considère que c’est un réel privilège de faire l’expérience d’une telle proximité avec son ordre professionnel – des gens qui respectent nos idées et nos opinions et qui nous donnent la chance de les exprimer dans une publication officielle. Cette proximité rappelle un esprit de famille : le sentiment d’une communauté rapprochée qui a pour effet de renforcer le lien d’appartenance à l’OPCQ.

Tout bien considéré, je ne crois pas qu’il soit excessif d’affirmer que cet ouvrage criminologique en est un qui est incontestablement brillant, intéressant et fort instructif tant pour les professionnels que pour le grand public.

Helsa Bradford, criminologue

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